Tchernobyl-day: Hommage aux liquidateurs

Le samedi 26 Avril 1986 à 1h23 du matin, se produisait le premier et le plus terrible accident nucléaire que nous ayons jamais connu. 28 ans plus tard, que savons réellement de ce désastre humain et écologique ? Entre mensonges médiatiques et ‘vendeurs de peurs’, à quoi ressemble aujourd’hui le site ?

" Des bribes de conversations me reviennent en mémoire... Quelqu'un m'exhorte : - Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Vous n'êtes pas suicidaire. Prenez-vous en main ! " Tchernobyl.

 » Des bribes de conversations me reviennent en mémoire… Quelqu’un m’exhorte : – Vous ne devez pas oublier que ce n’est plus votre mari, l’homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Vous n’êtes pas suicidaire. Prenez-vous en main !  » Tchernobyl.

Près de 30 ans plus tard, l’origine de la catastrophe, son impact et ses conséquences réelles restent peu connus. Et bien que nous connaissions tous l’histoire du nuage radioactif qui « s’arrête à la frontière » française… Que savons-nous ?

Cette vidéo du 29 avril, soit trois jours après l’accident montre le nuage. (0’46)  Les propos du chef de département de protection sanitaire sont assez frappants… ça commence par « l’irradiation n’est pas la cause de la mort ». Je vous laisse découvrir la suite…

http://www.ina.fr/notice/voir/CAB86010675

Aujourd’hui, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sureté nucléaire) propose une matérialisation du vrai déplacement des particules radioactives.

http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-tchernobyl-1986/panache-tchernobyl/Pages/Le-panache-de-tchernobyl.aspx

Tout d’abord, rappelons que la centrale a été construite en 1970 (soit à peine 16 ans avant son accident), à 15km de la ville de Tchernobyl et 2km de la petite ville de Pripiat, en Ukraine.

Dans l’ouvrage Les silences de Tchernobyl, l’avenir contaminé de Galia Akerman, Guillaume Grandazzi, et Frédérick Lemarchand, Vassili Nesterenko revient sur le déroulé de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Vous ne connaissez probablement pas Vassili Nesterenko (pour être tout à fait honnête, moi non plus jusqu’ici…), mais il s’est pourtant investi corps et âme dans l’accident et plus précisément dans l’information des risques engendrés.

Il était physicien biélorusse, directeur de l’Institut de l’énergie nucléaire de l’Académie des sciences de Biélorussie quand eu lieu l’explosion. Il a alors été dans les premiers a alerter l’opinion publique sur les conséquences de la catastrophe. En tant que physicien, il a également été chargé de refroidir les réacteurs en larguant de l’azote liquide par hélicoptère.

D’après M.Nesterenko, l’accident est avant tout issu d’une accumulation d’erreurs et de non respect des consignes. Tout d’abord, des scientifiques souhaitèrent réaliser une expérience afin d’augmenter le rendement des réacteurs. Celle-ci, en plus de ne pas être réellement autorisée, a été réalisée par des ingénieurs qui n’étaient pas spécialisés dans le nucléaire… Seconde erreur, elle a été tentée un week-end et de nuit, alors même que les manipulations étaient interdites.

Ce serait ainsi que « l’atome pacifique » ; d’après l’expression soviétique, explosa…

Controverses

Plusieurs études scientifiques s’intéressent maintenant à l’impact de la radiation sur la faune et la flore.

Juste après l’accident, la zone autour de la centrale présenta des phénomènes de gigantisme par mutation. Par exemple, certaines aiguilles des sapins étaient dix fois trop longues et les feuilles des chênes étaient beaucoup plus grandes.

Les pins sur 10km autour de la centrale devinrent « la forêt rousse », brûlés par l’irradiation.foret rousse

Mais aujourd’hui, 30 ans après, qu’en est-il ? Il y maintenant huit ans, le Forum Tchernobyl annonçait que les écosystèmes situés dans la « zone d’exclusion » (territoire évacué de 30km) s’accommodaient de la radioactivité. Il est vrai que ces zones, désertées par toute activité humaine, ont vu la faune et la flore se développer. Ainsi, les populations de sangliers, de rongeurs ou renards ont considérablement augmenté.

Cependant, cela ne signifie en aucun cas que tout est revenu à la normale. Tout d’abord, chose peu connue, certaines espèces dites sinanthropes, telles les cigognes ou hirondelles, qui suivent le sillage de l’activité humaine ont abandonné la zone. Ensuite, un chercheur du CNRS, Anders Moller a étudié les populations d’oiseaux dans la région et a montré qu’ils sont moins nombreux et surtout possèdent un cerveau plus petit. Les études sont toujours en cours pour déterminer exactement l’origine et l’action de ces modifications sur les populations d’oiseaux. Car l’action de la radioactivité peut aussi être indirecte. Par exemple, la diminution du nombre d’occupants peut être dû à une réduction des insectes dans la région. La biodiversité a été chamboulée à Tchernobyl ; 30 ans plus tard nous tentons toujours – laborieusement – d’appréhender tous ces effets à différentes échelles.

Un web documentaire bien fait sur le sujet

http://www.lemonde.fr/week-end/visuel/2011/04/22/la-zone-retour-a-tchernobyl_1505079_1477893.html

Pour plus de détails sur l’étude d’Anders Moller

http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0016862

4 réflexions sur “Tchernobyl-day: Hommage aux liquidateurs

  1. Bienvenue au C@fé!
    un truc qui continue à m’étonner à propos de Tchernobyl est l’énorme disparité des estimations des conséquences humaines de cette catastrophe volontaire (car l’accumulation des erreurs que vous mentionnez est telle qu’elle est indiscernable d’un sabotage). En gros, les estimations des morts s’échelonne entre environ 100 et environ 1’000’000 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Conséquences_sanitaires_de_la_catastrophe_de_Tchernobyl ).

    Quelle est la crédibilité d’une mesure dont la marge d’erreur s’étend sur 4 ordres de grandeur ? Il me semble incroyable qu’après 28 ans de mesures sur des millions de gens exposés à des degrés divers ne permette pas d’infirmer ou confirmer avec une quasi certitude des modèles comme l’effet linéaire avec/sans seuil https://fr.wikipedia.org/wiki/Lin%C3%A9aire_sans_seuil

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  2. Je tombe à l’instant https://fr.wikipedia.org/wiki/Liquidateur#Bilan qui semble montrer qu’il n’est pas clairement établi que l’exposition des liquidateurs à conduit à une surmortalité… C’est probablement parce que des centaines de milliers de « liquidateurs » n’ont travaillé que quelques minutes sur le site que le bilan est « faible ». Si 10x moins de gens avaient du travailler 10x plus longtemps, ils auraient atteint des doses beaucoup plus dangereuses…

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    • Merci Dr.Goulu!
      Oui, Tchernobyl reste complexe à appréhender. Les informations de tout bord se contredisent souvent…
      Lorsque l’on voit comment la situation a été médiatisée à l’époque on peut se poser des questions sur la validité des mesures prises.
      je ne sais pas si l’on peut dire que les doses étaient réellement faibles et surtout lorsque l’on voit les tenues de protection de l’époque…
      L’ouvrage ‘La supplication’ permet surement de se faire une meilleure idée de ce qui a été vécu là bas.
      Quand aux 28 ans plus tard… Vous remarquerez que l’information de l’anniversaire de l’accident est passé inaperçue dans les médias français…

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      • Selon http://www.laradioactivite.com/fr/site/pages/lesliquidateurs.htm cité comme source par https://fr.wikipedia.org/wiki/Liquidateur#cite_ref-4 : « la dose moyenne due à l’irradiation externe pour les liquidateurs russes, calculée à partir des données officielles, est de 108 mSv, 4,2 % des liquidateurs ayant reçu plus de 250 mSv.  » Ce sont des doses « faibles » au sens ou la probabilité de développer un cancer augmente de 1% à 200 mSv. Mais c’est sur que si quelques pour mille des liquidateurs ont reçu des doses plus élevées, ça fait des centaines, voire des milliers de morts.

        Concernant les tenues, il ne faut pas sous-estimer l’efficacité d’une protection sommaire. Une très grande partie du rayonnement du corium ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Corium ) est du rayonnement alpha ou beta. Par exemple, le Cerium 144 qui constituait à lui tout seul la plus grande partie du rayonnement du coeur fondu de Tchernobyl ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Corium#Contenu_en_radio.C3.A9l.C3.A9ments_et_radioactivit.C3.A9_d.27un_corium ) se désintègre par émission beta d’un électron à 318 keV ( http://periodictable.com/Isotopes/058.144/index2.full.dm.prod.html ) quelques millimètres d’aluminium, l’arrête. Et s’il passe, il contribue peu à la https://fr.wikipedia.org/wiki/Dose_%C3%A9quivalente . De plus les rayonnements alpha et beta décroissent rapidement avec la distance. Je ne serais pas étonné que les liquidateurs aient été plus irradiés par quelques grammes de combustible au bout de leur pelle (ou de leur main) que par les tonnes en fusion à quelques dizaines de mètres… En fait il faut surtout éviter d’inhaler des poussières radioactives, et là un bon masque à gaz suffit.

        Un mur de plomb n’est utile que pour se protéger des neutrons et des rayonnements gamma qui sont surtout émis par la réaction en chaîne de l’Uranium, « voulue » dans une arme atomique, et qui s’est arrêtée peu après l’explosion du coeur à Tchernobyl.

        Il y a ce texte+cartoon sur un sujet connexe : https://what-if.xkcd.com/29/ , avec mention d’un accident survenu dans une centrale suisse …

        L’anniversaire de Tchernobyl est passé inaperçu partout, parce que plus le temps passe, plus on s’aperçoit que les conséquences de cet accident ne sont pas aussi catastrophiques que certains l’imaginaient, et que c’est encore difficile à admettre …

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