Lise Meitner, presque Nobélisée…

Lise MeitnerAlors que le prix Nobel lui fut refusé, le titre de « mère de la bombe atomique » lui a été attribué, à tort. Revenons ensemble sur ces erreurs.

Née en 1878 à Vienne dans une famille juive (précision qui aura son importance par la suite, comme vous pouvez vous en douter), Lise Meitner s’est très vite intéressée aux sciences alors même que celles-ci ne sont pas enseignées aux jeunes filles à l’école (ça ne sert à rien en effet pour faire à manger…).

Elle passe son baccalauréat en candidat libre ; les femmes sont autorisées depuis peu à passer le bac, mais ne peuvent aller au lycée, seuls des cours particuliers leurs permettent de se présenter puis d’entrer à l’université. C’est ce que fait Lise en 1906, devenant la seconde femme Autrichienne admise en physique.

Elle eu alors pour professeur Ludwig Boltzmann, célèbre pour la constante k de Boltzmann. (est le facteur de proportionnalité reliant la température d’un système à son énergie thermique).

Un binôme prolifique

A la mort de ce dernier, elle part à 28 ans pour Berlin, le ‘centre du monde scientifique’ de l’époque, pour travailler auprès de Max Planck. Cependant, les laboratoires sont interdits aux femmes (sauf pour faire le ménage, bien sûr), elle a  donc du travailler, avec une dérogation de Planck, en tant « qu’invitée » et donc gratuitement, dans un laboratoire de fortune dans « l’atelier de bois ». L’entrée de l’institut lui est strictement interdite.

C’est alors qu’elle rencontre Otto Hahn, un radio-chimiste, qui devint son binôme de laboratoire pendant de nombreuses années. Ils découvrirent dans un premier temps, en 1917 l’élément 91, le protactinium, puis étudièrent les transuraniens. (éléments supérieur à l’uranium soit 93 à 118).

Très proche de Max Planck et de Otta Hahn, elle a pu être protégée jusque dans les années 1938 des lois du Reich. Pourtant, avec l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, elle se retrouve à près de 60 ans obligée de fuir, in extremis, à Stockholm.

Elle resta pourtant en contact permanent avec Otto, l’aidant ainsi à finir leurs travaux. C’est ainsi, que par erreur, Hahn réalisa le phénomène de fission. Mais ce fut Lise qui comprit se qui s’était réellement produit. Pourtant, seul Hahn obtint le prix Nobel pour cette découverte en 1944, Lise Meitner n’étant même pas citée… Mais nous sommes en plein milieu de la seconde Guerre mondiale, et toute découverte trouve vite son application sur le plan militaire. Dans ce cas précis, ce fut la bombe atomique…

Chose étonnante, alors que le prix Nobel lui fut refusé pour la découverte de la fission, elle fut rapidement nommée la « mère de la bombe atomique ». Alors même qu’elle avait refusée de participer au projet Manhattan ! Elle ne savait d’ailleurs pas comment fonctionnait cette bombe ! En revanche, Otto Hahn ne fut lui, étrangement pas nommé le « père de la bombe atomique »…

Le Meitnerium

Timbre Lise meitner 109

Bien que le Meitnerium n’est pas été découvert par Lise, l’élément 109 eu son nom pour lui rendre hommage en 1982. Ces scientifiques Allemands ont bombardé du bismuth 209 avec des noyaux de fer 58, créant ainsi un noyau superlourd.

Le Meitnerium est peu connu et utilisé car sa demi-vie est de moins de 4 millisecondes.

Et pour un peu plus de détails sur Lise Meitner, voici un docufiction produit par Arte, vraiment bien! http://www.youtube.com/watch?v=1QGJOtjOHfQ

Pierre Marie Irène et Frédéric Joliot-Curie

Episode 1 – La toute première femme

Dans la plupart des familles, les parents et enfants partagent une passion pour la cuisine, les livres, le pictionary ou encore les sorties sportives. Chez les Joliot-Curie, c’est pour la radioactivité et les prix Nobel… on n’a pas les mêmes valeurs que voulez-vous.
Marie Curie
Tout le monde connaît leurs noms, souvent donnés à des établissements scolaires, mais les collégiens/lycéens qui y étudient connaissent-ils réellement l’histoire de ces illustres scientifiques ?

Je dirais que tout commence avec Marie. Alors que le début du XXe siècle est marqué par une réelle expansion de la science, les femmes restent en marge de cet engouement. L’accès à l’enseignement supérieur, et d’autant plus aux sciences, leur est très restreint. Cela ne l’empêcha pas pour autant d’être la première femme à obtenir le prix Nobel pour la découverte du radium… Deux fois ! Mais cela n’aurait pas été permis si son époux Pierre Curie ne s’en été pas mêlé. Seriez-vous surpris d’apprendre que l’Académie des Sciences n’avait initialement mentionné qu’Henri Becquerel et Pierre pour le Nobel de la découverte du polonium et du radium ? Je ne le suis pas… Bref, les petites jalousies et mesquineries ne pouvaient atteindre ce couple légendaire !

L’apprentissage façon Curie

Entre donc en scène Pierre Curie. Lui aussi est loin d’être banal… rêveur et sensible, l’école ne lui sied guère. Qu’à cela ne tienne ! Sa famille l’a instruit… à hauteur de deux heures par jour ! Quel gosse n’en a pas rêvé…? Ce « doux entêté », comme l’appelle ça famille, s’approche parfois plus du philosophe que du physicien.

« C’est en mon imagination que j’aurai le plus confiance pour me tirer de l’ornière, mais j’ai bien peur qu’elle ne soit morte. » Pierre Curie par Marie Curie.

Certes, l’enseignement était très différent à l’époque, mais cette famille Curie semblait quand même avoir sa propre vision des choses. Car par la suite Marie, alors devenue veuve, refusa d’envoyer sa fille Irène au collège mais organisa pendant deux ans une sorte de coopérative d’enseignement où les enfants expérimentaient les sciences et la physique sous sa surveillance ! De toute évidence, cette méthode porta ses fruits puisqu’Irène, à son tour, obtient un prix Nobel.

Voici d’ailleurs une citation de Marie, rédigée par sa fille Eve dans l’ouvrage Madame Curie, à transposer avec notre méthode d’apprentissage actuel…

« Figure-toi, que j’apprends la chimie dans un livre ! Tu imagines le peu que cela m’apporte, mais que faire, puisque je n’ai pas où faire des travaux pratiques et des expériences. »

*sources: http://mariecurie.science.gouv.fr/portrait/portrait1_1.php