Le scout atomique

Vous n’en avez probablement jamais entendu parler, mais les américains eux, connaissent tous le « Radioactive Boy Scout ». Je préfère vous prévenir, vous ne verrez plus jamais les scouts de la même manière !

L’histoire se déroula il y a environ 20 ans, dans le Michigan. David, 15 ans, essaie d’obtenir son badge du mérite de l’énergie atomique de boyscout. On lui a offert quelques années auparavant The Golden Book of Chemistry Experiments, livre à l’origine de sa passion pour les sciences.

atomic energy badge

Bon, ça commence par quelques petits essais dans la cave qui finissent logiquement par … une explosion. Il décide alors, purement et simplement, de « s’attaquer » à la radioactivité et la fabrication d’une pile atomique.

Alors, vous devez surement vous dire « oui, mais c’est compliqué, il n’a pas accès à tous les composants… il faut du matériel… » et vous n’auriez pas tort !! Sauf que David est – légèrement – monomaniaque, et qu’il passe tout son temps sur ce projet.

(Les « ingrédients » sont l’américium 241, le radium 226, l’uranium 238 & 235, le thorium 232, le béryllium et l’aluminium. Mais certains sites vous proposent même un tutoriel version recette de cuisine !).

Loin de manquer d’imagination, reconnaissons le, il parvient à obtenir tous les ‘ingrédients’. Notamment en se faisant passer pour un physicien auprès de la NRC (Nuclear Regulatory Commission) ou en obtenant de l’américium 241 dans une centaine de détecteurs de fumée cassés (le tout donné pour 1$ par la compagnie pour son ‘projet scolaire’)
Il a quand même de la suite dans les idées ! Mais ses parents ne se posent pas de questions lorsqu’ils le voient ‘jouer’ dans le garage avec un masque à gaz sur le visage… ?? (moue dubitative… )

Cela lui aura pris deux ans, mais au final, David obtient une pile nucléaire vraiment très radioactive au point qDavid en 2007ue cela a coûté 60,000$ pour nettoyer la zone et enfouir ces déchets…

Bon laissons lui le bénéfice du doute… ce n’était qu’un gosse qui ne réalisait pas ce qu’il faisait…
Sauf que, sauf que… il récidiva ! à 37 ans ce cher David a – encore – été arrêté pour avoir volé des détecteurs de fumée. Et apparemment, cela faisait un petit moment qu’il s’y était remis vu les marques sur son visage…

Aujourd’hui, il a été diagnostiqué schizophrène avec désordre bi-polaire… Ceci dit, il va beaucoup mieux depuis qu’il est soigné mais garde son envie d’explorer les sciences. Que pourrait-il bien nous concocter la prochaine fois ?

L’Américium

Il appartient à la famille des actinides (si ça ne vous dis rien c’est normal). Cet élément artificiel a été découvert en 1944 aux États-Unis, d’où son nom, à l’Université de Chicago. On part pour l’obtenir du plutonium 239 qui passe successivement aux états 240 puis 241 pour enfin former l’un des 18 isotopes de l’Américium, le 241.

Les atomes ce n’est pas si compliqué

« Ce n’est pourtant pas sorcier, répondit-il avec impatience, l’air presque fâché. C’est toujours pareil. Les gens n’essaient même pas de comprendre. Reprenons. Les noyaux atomiques sont maintenus ensemble par des forces prodigieuses et, jusque-là, personne ne pensait qu’ils pouvaient se scinder. Mais c’est possible. S’ils sont assez gros. Et quand ils se divisent, ils libèrent une énergie à la mesure de ces forces. Le laboratoire de Fred a découvert autre chose : lorsqu’il y a fission – c’est ainsi qu’on a appelé ce phénomène, la fission -, outre l’énergie, ça libère des neutrons. Des neutrons qui vont entrer en collision avec d’autres atomes d’uranium, lesquels vont se diviser à leur tour ; si chaque atome libère au moins deux neutrons, alors ceux-ci peuvent à leur tour percuter deux autres atomes d’uranium, qui vont également se scinder. Tu me suis ? » la fille qui tombe du ciel

–       Simon Mawer, La fille qui tombe du ciel, Le cherche midi, 2014.

La fusée du professeur Tournesol

« Nous nous trouvons ici dans les bâtiments du laboratoire central où l’on transforme l’uranium naturel qui arrive sous la forme de minces barres de métal, en plutonium… C’est ce plutonium qui servira à propulser la fusée du professeur Tournesol. La fabrication du plutonium comporte deux phases principales : d’abord la « cuisson » des barres d’uranium dans la pile atomique que vous allez voir dans quelques instants ensuite l’extraction chimique du plutonium que cette cuisson a produit dans les barres… Vous me suivez ? »les aventures de tintin : objectif lune

–       Hergé, « les aventures de Tintin », objectif lune, Casterman, 1953.

La découverte de la radioactivité

« PIERRE. – Oui, parce que ça prouve que l’uranium émet, à l’état naturel, non seulement de l’électricité mais également des rayons X. a flux constant et régulier.

MARIE. – Les mêmes rayons X que ceux que Roentgen a découverts !

SCHUTZ. – Vous êtes en train de me dire que l’uranium produit de l’énergie ? Vous pensez que je vais aller raconter ça à l’Académie ?

PIERRE, sortant une enveloppe épaisse du tiroir de la table. – Pas raconter : révéler, prouver et démontrer. L’uranium, tout l’uranium du monde, émet de toute éternité des rayons X. On ne s’en était simplement pas aperçu. En quantité partout strictement proportionnelle à sa masse. Deux grammes d’uranium produisent deux fois plus de rayons X qu’un gramme. Invariablement. De Johannesburg à La Garenne-Colombes.

MARIE. – Et nous proposons d’appeler ce phénomène la radioactivité.Les palmes de M. Schutz

 

–       Jean-Noël Fenwick, Les palmes de M. Schutz, Flammarion, 1989.

Si l’Uranium n’existait pas

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« Il était extrêmement simple d’arrêter toute radioactivité. Il était un peu plus difficile de veiller à ce que toutes choses, y compris les livres, s’adaptent à un monde dans lequel la radioactivité n’existait pas. Il était encore plus difficile, et cela prit plus de temps, d’effacer toute idée de radioactivité de l’esprit des hommes. Maintenant, l’uranium n’existe pas sur la Terre. Personne n’en a entendu parler. »

– Isaac Asimov, Flûte, flûte et flûtes !, «La pause », Denoël, (1977), réédition de 2004, page 134.

Marine MP (Prométhium)